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Abus sexuels dans l’Eglise en France: la toute grande majorité des victimes sont des garçons

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La Mission de l’Eglise Catholique s’articule dans trois dimensions : annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, témoigner que Jésus, le Christ, est « le Chemin, la Vérité et la Vie » dans le monde (Jn 14,6), s’ouvrir à la relation aux autres, dans un esprit de dialogue et de partage. (Conférence des Evêques de France).

Au lu des résultats accablants de l’enquête indépendante menée en son sein au cours des deux dernières années, on ne peut que constater que l’Eglise a cruellement failli à sa mission. 

 

Elle ne l’a pas fait par ignorance ou omission, mais systématiquement et stratégiquement, pour tenter de protéger son institution plutôt que ceux qui leur ont confié leurs âmes. Des guides spirituels ont utilisé l’emprise morale qu’ils avaient sur les enfants qui leur étaient confiés ou les adultes en quête de sens pour les détruire en abusant d’eux sexuellement. A chaque fois qu’elle a été alertée, l’Eglise a utilisé son autorité pour manipuler, insinuer le doute, minimiser, culpabiliser, et museler les victimes et les empêcher de mettre en danger l’institution.

 

Les résultats accablants de l’enquête menée au sein de l’Église depuis 2 ans et demi ont été publiés le 5 octobre 2021.

La Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église) estime à 216 000 victimes de violences sexuelles depuis 1950 commis par 2900 à 3200 membres de l’Église (prêtres, religieux, religieuses). 

Si on prend en compte les victimes des abus sexuels commis par le personnel encadrant, ( les professeurs de religion, les catéchistes, les aumôniers, les encadrants de mouvement de jeunesse, les animateurs de chorale, les maitres d’internat… )les chiffres explosent et atteignent 330 000 victimes.

 

 

Le rapport de la CIASE: une enquête sur les abus sexuels dans l’Eglise

Selon le rapport de Commission indépendante sur les abus sexuels commis dans l’église, en France, 170.000 des 216.000 victimes sont des garçons. Cela représente 78 % des victimes françaises (Rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, Octobre 2021).

 

C’est le même constat qui a été fait dans toutes les enquêtes qui ont été menées pour faire la lumière sur la pédocriminalité dans l’Eglise,: en Allemagne 70% des victimes sont des garçons, aux USA c’est 80%, c’est 63,7% en Australie. 

 

Sur la base des estimations du CIASE, 1,25 % des victimes ont témoigné. A cet extrême difficulté à inciter au témoignage parce que l’Eglise n’a jamais été digne de confiance -s’ajoute la difficulté de recueillir la parole des hommes victimes. Parmi ces 1,25 % la majorité des témoins sont des femmes.

 

Ces chiffres confortent les recherches : les hommes restent silencieux quant aux violences sexuelles qu’ils ont subies. Les quelques survivants qui en parlent le font en moyenne entre 20 et 40 ans après la fin des abus.

Pourquoi les hommes ne parlent pas

Les raisons qui empêchent les survivants hommes de s’exprimer, sont identiques à celles de toutes les survivants de violences sexuelles : la honte, la peur de ne pas être crus. A cela s’ajoute des raisons spécifiques, liées aux nombreuses confusions que la violence sexuelle a engendrée : 

 

La manipulation sous prétexte d’initiation ou d’affection

Les violences sexuelles peuvent être perpétrées sous prétexte d’initiation ou d’affection, les garçons qui en sont les victimes passent par un état de confusion qui peut être très long. Si l’idée peut poindre que ce qui leur est arrivé est un abus sexuel, ils doutent souvent de leur propre jugement. La notion du bien et du mal peut être très floue. Le chemin pour prendre conscience que ce qui leur a été présenté comme de l’affection est en fait de l’exploitation peut être très long.

 

 

Pourquoi moi ? La question de l’identité personnelle

Quand l’intégrité physique d’un garçon est niée, qu’il est soumis aux règles et aux désirs de son agresseur, il devient impossible pour lui d’avoir confiance en son propre corps. Tout ce qu’il ressent est refoulé pour pouvoir survivre. Dans ces conditions, il est très difficile pour lui de se construire son identité propre. Il se sent réduit à être un objet sexuel au service de quelqu’un d’autre, sans avoir d’identité propre.

Suis-je vraiment un homme ? La question de l’identité sexuelle

Il se forge, dans l’esprit des garçons qui subissent des violences sexuelles, une conviction que, si ils ont été ‘sélectionnés’ par l’agresseur, c’est qu’il y a en eux, quelque chose de défaillant ou d’anormal sur le plan sexuel. Cela les amène à douter de leur masculinité. ‘le viol d’un mâle est souvent vu, à la fois par l’agresseur et par la victime, comme une défaite symbolique et une émasculation pour le violé, doublées d’une affirmation de la colère, du pouvoir et de la masculinité du violeur »(9)

Suis-je homo ou hétéro ? La question de l’orientation sexuelle

Comme indiqué plus haut, une stimulation génitale ou le stress peut engendrer une érection et, même sous la contrainte, un garçon peut avoir une éjaculation. Or il semble que, plus le garçon a l’impression d’avoir ‘participé’ à la violence sexuelle qui lui a été imposée, plus il aura tendance à se penser « féminin » ou homosexuel et plus il portera intérieurement le poids de cette interprétation. Il verra, à tort, sa réactivité physiologique comme une révélation de sa nature profonde. C’est ainsi qu’il arrivera à la conclusion, dans son for intérieur, qu’il est homosexuel, soit qu’il adoptera cette orientation sexuelle, soit qu’il passera sa vie à se prouver qu’ils ne l’est pas. C’est ainsi que, parmi les personnes les plus homophobes, il y a beaucoup d’hommes qui ont été abusés sexuellement.

Conclusion

L’Eglise de France a enfin fait la lumière sur la pédocriminalité qui a été perpétrée en son sein pendant des décennies. Elle ne redeviendra crédible que si elle prend ses responsabilités en posant des actes forts pour réparer les souffrances qu’elle a causé et éviter que cela ne puisse se reproduire

2 commentaires sur “Abus sexuels dans l’Eglise en France: la toute grande majorité des victimes sont des garçons”

  1. Retour de ping : Sexual abuse in the Catholic Church in France: the vast majority of victims are boys - Isabelle Henkens and co.

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